mercredi 20 novembre 2013

30 jours, 1 chanson par jour

Jour 3: Hôtel Morphée


Album: Des histoires de fantômes
Sortie: février 2013
Étiquette: Audiogram

Je n’ai jamais eu un grand intérêt pour la musique québécoise. Je l’ai toujours trouvée trop calquée sur la chanson française ou qu’elle s’exprimait en caricature folklorique. Il y a évidement eu des exceptions au passage et plus jeune j’ai adoré l’époque du Dôme et des Fourmis de Jean Leloup (albums qui ont très mal vieillis soit dit en passant!), les éternels laissés pour compte Grim Skunk, les talentueux Groovy Advaark et certainement d’autres que j’oublis au fil du temps. Des années se sont écoulées avant que je ne m’intéresse à nouveau à ce qui se fait ici. Il a surtout fallu que de jeunes musiciens remuent la cage contraignante du terroir, se libérant des conventions de l’Adisq et sèment une idée dans l’air du temps; que l’on pouvait aspirer à faire autre chose tout en restant authentique. Reste que tout cela est basé sur mes connaissances personnelles et que si j’avais passé les dernières années branché sur CISM, j’aurais probablement un tout autre discours. Je tenterais l’expérience pour ma revue 2014!

Bien que l’Adisq soit une honte nationale, j’ai découvert Hôtel Morphée grâce aux nommés de L’autre Gala. Ce groupe s’inscrit parfaitement au renouveau dont je parle et évolue dans un courant parallèle, donc assez différent, des groupes folk qui connaissent présentement un immense succès (Avec pas d’casque, Soeurs Boulay, Lisa Leblanc, etc.). Hôtel Morphée est plutôt un héritier de groupes comme Karkwa et font dans une pop planante et poétique parsemée subtilement d’électro. Hôtel Morphée évolue dans une mélancolie douce et explore la beauté poétique de cet état d'âme déchiré entre douceur et souffrance (que Peter Peter a si magnifiquement qualifié de Version améliorée de la tristesse). Cette émotion à fleur de peau est accentuée par des violons discordants et grinçants, ces guitares qui naviguent d’un ton à l’autre et la voix de Laurence Nerbonne qui résonne en écho, s'enchevêtrant habilement dans un chaos calculé et esthétique au rythme des percussions qui courent afin de rattraper le temps perdu.

Malgré tout, j’ai l’impression d’avoir déjà entendu ce son mille et une fois déjà. C’est sans doute parce que ce courant est devenu, justement, chose courante, dans l’univers musical québécois et que les Louis-Jean Cormier, Half Moon Run, Patrick Watson et maintenant Hôtel Morphée, pour ne nommer que ceux-là, semblent tous issus de la même école, partageant la même muse créatrice, suivant les enseignements des membres de Radiohead. Je reconnais dans cette musique, plusieurs des manies du groupe britannique que se sont approprié les groupes d'ici, folklorisant le tout, créant ainsi un son particulièrement savoureux. Cela donne toutefois l'impression d'écouter des artistes qui partagent le même univers, les mêmes émotions, la même vision. Ce n'est pourtant pas nécessairement une mauvaise chose puisque leur musique parcourt le monde entier et séduit au passage des milliers d’adeptes. Je trouve cela même encourageant pour la suite des choses; ces musiciens talentueux ont tout ce qu’il faut pour quitter les sentiers battus et explorer davantage, prendre des risques créatifs et devenir les architectes d’une nouvelle époque culturelle.

La pièce titre en écoute pour vous!

1 commentaire:

  1. Fait saillant, le nouveau (ben, depuis quelques annees) chum/fiancé de Marie-Eve, c'est le batteur de ce groupe...

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